Interview d'Hiroshi Tsuburaya sur son rôle dans la série Uchuu Keiji Shaider., Interview réalisé par Yu Tagami et traduite par Tetsuya Shima, tiré du livre "Uchuu Keiji Daizen Space Sheriff Gavan, Sharivan, Shaider no Sekai", parut en juillet 2000 au Japon aux éditions Mikio Ando & Studio Hard., Référence du livre: ISBN 4-575-29080-7
Le Journaliste: Dites-nous pourquoi vouliez-vous devenir acteur ?
Hiroshi Tsuburaya: J'étais joueur de volley-ball depuis que j'étais au collège, et j'allais devenir joueur de volley-ball universitaire. À cette époque, j'avais entendu parler d'une audition pour le film "Nogiku No Haka" (La tombe des chrysanthèmes sauvages) dont, l'actrice principale était Seiko Matsuda. Je m'y suis intéressé alors j'ai auditionné. Mais j'ai échoué juste avant la sélection finale, j'étais fasciné par l'atmosphère tendue de l'audition. La tension que j'ai ressentie à travers l'audition, était différente de celle que je ressentais lors des matchs de volley-ball. C'était le début de ma carrière professionnelle en tant qu'acteur. Pour votre information, le réalisateur de ce film était Shinichiro Sawai.
Quelle coïncidence, bien plus tard j'ai travaillée avec Shinichiro Sawai pour le film "Fukuzawa Yukichi"... Après cette audition, je suis apparu dans "Koukousei Fu-Fu" (le couple du lycée) un téléfilm créé par Daiei Television en 1983. c'était le premier film dans lequel je jouais. Les acteurs principaux étaient Maiko Itoh et Shingo Tsurumi. Ensuite, je suis apparu dans la série Shaider.
Le Journaliste: L'acteur Jun Yoshida et vous étiez dans la liste pour le rôle principal de la série Shaider, il a fallu beaucoup de temps pour choisir lequel allait interpréter Dai Sawamura alias Shaider ?
Hiroshi Tsuburaya: Exactement Jun Yoshida et moi sommes allés à la JAC (Japan Action Club) durant deux mois environ. Même si j'étais jeune, 19 ans, et avais de l'expérience au volley-ball, la formation à la JAC était très difficile pour moi, je n'avais aucune expérience en gymnastique, ce fut très embêtant...
Le Journaliste: Par la suite, vous avez été choisi pour interpreter le rôle de Dai Sawamura et Jun Yoshida pour celui de « la grande prêtresse » Pau. Comment fut le premier tournage ?
Hiroshi Tsuburaya: La première scène du premier jour de tournage fut une scène de combat sur un camion remorque en marche pour l’épisode 2 (Odore Peto Peto !). J’eus une réaction comme: « Dans un tel endroit ? Vous êtes sûrs ? ». Mais les faiseurs de miracles de la JAC avaient bien sûr commencé à faire les préparatifs.
Le Journaliste: Dans le deuxième épisode, lors de votre transformation, vous bondissez en l’air à l’aide d’un trampoline.
Hiroshi Tsuburaya: Oui, je l’ai fait. Car durant l’entraînement, on nous a aussi appris à sauter de haut...
Le Journaliste: Comment fut le réalisateur, Shinichiro Sawai ?
Hiroshi Tsuburaya: Il est rusé, le réalisateur. Le premier jour, sur le plateau, il y avait une scène où l'on devait enregistrer en même temps un dialogue, il arriva et rajouta du texte. Il me le donna le matin même dans la salle de maquillage ! ce fut très pénible pour moi. Aujourd’hui, je me souviens encore de cette réplique: « Les deux points essentiels quand on tire au laser sont: Premièrement, d’être capable de mettre toute sa concentration sur un point en un instant. Deuxièmement, ne jamais lâcher sa cible des yeux. » (rires)
Le Journaliste: C'est la scène où Dai récite ce qu'il a appris dans la classe le jour de la remise des diplômes au centre de formation des shériffs de l ‘espace, n'est-ce pas ?
Hiroshi Tsuburaya: Tout à fait. C’est un passage qui venait d’être inventé quelques instants auparavant.
Le Journaliste: En parliez vous avec avec Naomi Morinaga qui interprétait le rôle d'Annie ?
Hiroshi Tsuburaya: J'étais souvent avec Naomi, mais je ne parlais pas du rôle et du jeu d'acteur. Nous prenions le même train pour nous rendre au studio de tournage. J'étais très soutenu par Naomi, je pense que Shaider a plu car elle était là avec moi durant toute cette année de tournage... A cette époque, Naomi détestait conduire. Elle était bonne au combat théâtral mais pas au volant. Combien de fois n’a-t-elle pas accroché sa RX-7 jaune... Moi, pour conduire j’étais plutôt doué... Dans une scène où je suis dans la Jeep et où l'on me poursuit en me tirant dessus, c’est moi qui conduis. On m’avait dit de m’arrêter à un endroit précis, et je m’y arrêtai pile. Tellement que même le cameraman Fumio Matsumura me dit: « balèze la conduite ! » Mais cette Jeep était aussi très facile à conduire !
Le Journaliste: Que pensez-vous d'Osamu Kaneda, le coordinateur des cascades ?
Hiroshi Tsuburaya: Ah, Osamu Kaneda, je l’adore. C’est une personne envers laquelle je serai toujours reconnaissant. A l’époque, sur le tournage, tout le monde m'appelait « Dai » ou « Dai-chan » (mon petit Dai), mais Kaneda je ne sais pour quelle raison m’appelait « Daisuke » ! Au début, j’ai un peu insisté pour lui dire: « C’est Dai Sawamura » puis, finalement, je l’ai laissé faire comme il m'a beaucoup aidé tout le long de la série, alors j'ai aimé sa façon de m'appeler Daisuke. Plus tard, j'ai nommé mon fils Daisuke (rires)
Le Journaliste: Est-ce que vous vous entendez bien avec les membres du JAC ?
Hiroshi Tsuburaya: Oui, vraiment, ils furent vraiment très bien, en particulier Takanori Shibahara et Kazuyoshi Yamada. Sans eux, Shaider ne pourrait pas être populaire comme il l'est aujourd'hui, je leur dois beaucoup.
Le Journaliste: Ces deux personnes nous ont donné de superbes scènes d’actions dans « Shaider ».
Hiroshi Tsuburaya: Oui. Pour moi c’est ce qui est important. Ils ont vraiment rendu service à la série avec de telles scènes d’action. Au début, c’était Takanori Shibahara qui s’occupait de ces scènes, puis ce fut pratiquement tout le temps Kazuyoshi Yamada qui le remplaca.
Le Journaliste: Kazuyoshi Yamada a joué le rôle de Psycho [chauve en costume blanc], dans Sharivan. A l’époque où il débutait, il devait déjà avoir les cheveux rasé non ?
Hiroshi Tsuburaya: Oui, oui ! (rires) Quelque chose qui m’avait laissé une très forte impression fut lors des premiers repérages d’une scène. C’est une scène où je me transforme alors que je viens d’être poussé, dans la bataille, du haut de l’immeuble Marunouchi par Omega. A l’époque, j’avais la même coupe de cheveux que Yamada, et les scènes d’actions les plus importantes étaient alors assuré par Yamada. Mais pour cette scène Kaneda dit: « Shibahara, charges-t’en. » Et lui de dire: « Mais ce n’est pas Yamada qui... » « C’est pour Shibahara ! » En regardant la scène, on comprend pourquoi ce choix: C’est une scène très dangereuse, une sacrée chute, et Kaneda le savait parfaitement. Ce n’est rien techniquement, mais il a préféré confier ceci à Shibahara, qui était très doué. Mais il s’en voulut car Yamada en avait pleuré. « C’est pour son bien » me dit-il. Par la suite, il fut très fier quand il joua la plupart des scènes d’actions. Et ces sentiments se ressentent incroyablement bien. Des sentiments de reconnaissance, et aussi de respect, c’était très émouvant.
Le Journaliste: Les chutes de Takanori Shibahara sont vraiment quelque chose de stupéfiant.
Hiroshi Tsuburaya: Oui, aussi bien sur le plan technique que pour le moral, être entouré de gens formidables, ca permet vraiment de travailler sur un plateau heureux. Je leur en serai reconnaissant toute ma vie. Juste après la transformation du premier épisode, j’ai vu Shibahara en Shaider sauté du haut d’un pylône rouge, et j’en fus vraiment étonné. Et pourtant, Shibahara semble sujet au vertige ! Mais il dit que comme il porte un casque, il n’y voit rien, et donc tout va très bien ! C’est une sensation que je ne comprends pas très bien... (rires)
Le Journaliste: Histoire surprenante. Qui a créé les poses du Shouketsu ?
Hiroshi Tsuburaya: Elles ont été imaginés par Osamu Kaneda. Pour ce qui est de prendre une pose en sautant, nous nous sommes concertés Shibahara, Yamada et moi pour se décider. Quand ce n’était pas moi qui jouait il fallait trouver une pose qui puisse cacher le visage en paraissant naturelle.
Le Journaliste: Pour les scènes où vous jouer plus spécialement, vous êtes en gros plan, et donc vous deviez faire vous même ces scènes d’actions qui au fur et à mesure que la série progresse deviennent de plus en plus intense.
Hiroshi Tsuburaya: [...] En tout cas, dans cette mine de la préfecture de Saitama, où l’on me disait : « Allez tombe ! Fais ta roulade ! » . Ca donnait l’impression d’être dans la continuité de ce que l’on faisait tous les jours. Mais c’est que là-bas, ce n’était pas des cailloux qui m’attendaient pour me réceptionner. Mais des rochers ! Et cette combinaison bleue n’était pas si épaisse que ça. Ou alors, à l’époque de l’épisode 19 « Annie l’échappe de justesse ». Il y a une scène où je m’entraîne sous une cascade avec une épée japonaise, j’étais torse nu. Et tout à coup, le réalisateur me dit: « Mais qu’est-ce que c’est que cette blessure ? » Comme je ne peux pas voir mon propre dos, je ne le savais pas, mais ça avait l’air d’une blessure impressionante, et on me dit: « Si tu souffres trop, on arrête le tournage ! » C’était évidemment douloureux, mais j’ai serré les dents, et j’ai continué. Et ce sont ces prises que l’on peut voir. Mais, en fait, pour les plans où l’on voyait mon dos, Yamada me remplaça. Dans ces circonstances particulières, mon visage était marqué d’un air grave qui fait partie de ceux qui me plaisent le plus.
Le Journaliste: Cette belle expression pourrait être le résultat de vos défis difficiles.
Hiroshi Tsuburaya: Je le pense. J'ai eu un problème dans l'épisode 22 (Sirènes et monstres aquatiques), il y eu aussi des moments très grave. Je devais me transformer en plongeant dans la mer. Mais je fis mal mon plongeon, j’eus mal au cou, je ne suis plus arrivé à respirer, ma tête commencait à me tourner... Mais comme la combinaison que je portais flottais, elle me fut d’un grand secours. Ce fut vraiment très dangereux...
Le Journaliste: Vous avez quelques anecdotes avec des enfants qui vous avaient reconnu, n’est-ce pas ?
Hiroshi Tsuburaya: Parmi tous les autographes que j’ai pu signer pour les enfants, un m’a profondément marqué. Alors que j’allais à pied jusqu’au plateau, un papier-journal est tombé devant moi. Comme ça n’avait rien d’extraordinaire, je continue à marcher, c’est alors qu’arrivent des enfants qui me reconnaissent et insistent pour avoir un autographe. Mais les enfants n’avaient rien sur eux, alors je leur dis: « Allez cherchez un papier » et eux « Ouuuiiii ! ». Quand ils revinrent ce que me rapportèrent ces enfants, ce fut le papier-journal qui était tombé devant moi précédemment ! Bien sûr, je ne pouvais pas me désister. Et les enfants furent tellement content d’avoir leurs signatures que je pensai: « C’est vraiment bien tombé ».
Le Journaliste: Même si ce n’était qu’un papier-journal égaré, une simple signature à suffit pour eux à la transformer en trésor. Et puis ça n’a fait de mal à personne qu’ils emportent ce journal.
Hiroshi Tsuburaya: Oui, ce n’est vraiment pas un crime... Aujourd’hui encore parfois, je me rappelle encore de ces enfants et de la dédicace sur papier journal...
Le Journaliste: Comment vous sentiez-vous à l'approche de l'épisode final ?
Hiroshi Tsuburaya: Je me suis senti soulagé parce que j'étais bien physiquement. Si j’ai pu passer une année entiere après avoir pris la relève de Kenji Oba et Hiroshi Watari qui sortaient eux de la JAC, j’ai le sentiment que c’est vraiment grâce à Naomi Morinaga, Takanori Shibahara et Kazuyoshi Yamada. Bien sûr je suis reconnaissant envers tout les gens du tournage, mais eux en particulier... Car on faisait un travail où on risquait sa peau et ce sont les gens avec qui ont s’est secouru mutuellement. Et Kazuyoshi Yamada avec qui on avait tenu bon, est maintenant réalisateur des scènes d’actions de Kamen Rider Kûga avec Kaneda. Mais le plus surprenant, c’est Hidenori Ishida qui était 3ème assistant réalisateur qui est maintenant le réalisateur principal de Kuuga. C’est parceque le temps passe... A la différence du réalisateur, on voyait les assistants tout les jours sur les plateaux. J’ai encore pas mal de souvenirs de Hidenori Ishida... Quelques temps après « Shaider » , pour un drama quelconque, je suis allé à la Tôei et j’ai croisé Ishida. C’était justement au moment où il faisait ses premières prises en tant que réalisateur principal. Je suis allé les déranger sur le plateau de Kuuga car ça faisait longtemps que je voulais voir ces 2 personnes.
Le Journaliste: Etait-ce la première fois que vous rencontriez Kenji Oba et Hiroshi Watari lors du « Special » qui fut tourné en tout dernier ?
Hiroshi Tsuburaya: Oui. A propos de ce spécial, c’était la première fois que je jouais sous le scaphandre de Shaider. Bien sûr, ce que je faisais d’habitude, mais j’ai aussi porté la tenue chromée. J’ai appris avec attention les poses avec Akira Shimizu qui jouait Shaider dans les gros plans.
Le Journaliste: Je ne savais absolument pas que le Shaider que l’on voit sur les photos où vous êtes tous les 3 était effectivement interprété par vous ! C’était juste à cette époque que vous avez décidé d’interrompre votre carrière d’acteur, et maintenant vous vous occupez en tant que manager de la division « jeunes acteurs » à Tsuburaya Prod.
Hiroshi Tsuburaya: A l’automne de l’année dernière, j’ai eu des ennuis de santé, j’ai décidé que c’était trop éprouvant physiquement de continuer ma carrière d’acteur. Et depuis avril je m’habitue à ma vie de manager de cette division. A l’époque où je faisais « Shaider », je me disais qu’il était nécessaire d’appartenir à ce bureau, et comme j’étais une personne qui avait contribué à celui-ci, j’y avais des liens. Ainsi je fais partager l’expérience que j’ai eu jusqu’ici et avec Shigeki Kagemaru et Misato Suzuki, j’aide les jeunes acteurs à déployer toutes leurs activités, et je m’en sens très heureux.
Le Journaliste: Avez-vous un dernier message à faire passer à vos fans ?
Hiroshi Tsuburaya: Je pense que les héros des séries des « Sheriffs de l’espace », ou d’autres comme « Ultraman », sont éternels. J’éprouve beaucoup de plaisir, vraiment, à voir ces 3 personnages... Moi, je ne peux plus jouer, mais je prie pour que bientôt revienne un jeune shériff de l’espace qui sera revêtu de ce bleu métallique ! Et faites bien attention à votre santé ! C’est mon message à moi, un corps en bonne santé est quelque chose de capital, alors faites bien attention aux maladies et aux blessures ! Et puis j’ai envie que tout le monde s’accroche pour tendre le plus vers ses rêves !
Interview réalisé par: Yu Tagami, Source: Scifijapan